Pour preuve, il gelait sec et de soleil point.
Donc, après avoir bénéficié d’un cours accéléré de montage de chaîne pendant le week-end, ce matin, je me suis levée dès l’aube (autant dire à l’heure où blanchit la campagne (hé, hé, hé, Papa et Maman, ces millions dépensés en cours du soir n’auront pas été vains)).
D’emblée, j’ai opté pour une tenue de circonstance (genre idoine) : chaussettes fétiches (oui les bleues avec des nounours), moon boots, chemise de bucheron en pilou (c’est pas parce qu’on s’apprête à défier les éléments déchaînés qu’on n’en reste pas éprise de douceur !), parka doublée à bande réfléchissante (voir et être vue, telle est ma devise… depuis aujourd’hui), moufles fourrées et petits gants Mickey prêtés par le Maître, dans la poche.
Ainsi équipée, j’ai ensuite procédé au levé des douces créatures qui enchantent ma vie : « Debout là d’dans, vous avez 5 minutes pour enfiler vos frusques et préparer votre parquetage avant départ à l’école à 7 : 30 » (Toi aussi tu t’en souviens de cette ineffable série « Major Dad », non ? Mais si, on avait 15 ans et un maximum de temps libre… Bon, je te file le lien, mais c’est la dernière fois !).
Bon en vrai, le réveil n’a pas été aussi tonique que souhaité et il a quasiment fallu que je supplie les coccinelles pour qu’elles se lèvent (Allez les filles, soyez sympas, je suis déjà toute habillée et je commence à suer avec toutes ces épaisseurs. Levez-vous bon sang où je vais avoir une attaque !).
Après leur
Je te passe les commentaires douteux (Mais maman, je ne veux pas aller à l’école habillée comme ça, je vais avoir l’air ridicule. Ridicule ? Tu plaisantes, tu vas lancer la mode au contraire… oui, bon ça va, d’abord y’a du brouillard, personne ne se rendra compte que tes moufles ne sont pas de la même couleur) et la rando dans 50 cm de neige pour accéder à ma charrette (une familiale racée et nerveuse (un peu comme sa propriétaire en somme), enfin, un Scenic quoi !).
Ayant fixé les chaînes sur les roues avec une facilité déconcertante (Mais si les filles, c’est toujours long à fixer et non votre père n’irait pas plus vite. D’ailleurs la prochaine qui me parle de son père, elle va à l’école à pied, c’est clair ?), je me suis lancée tel l’albatros à la conquête du vaste monde ou de la grimpette de 3 kms qui me séparent de l’école ce qui est tout pareil.
Les coccinelles solidement arrimées à la banquette arrière, le Commandant La Grenouille et son équipage ont énoncé les consignes de sécurité : « Chers passagers, il est possible qu’une légère turbulence agite notre cockpit dans les prochaines minutes. Dans ce cas, merci de ne pas paniquer et de saisir tout simplement le doudou qui se trouve dans votre cartable.
Si d’aventure il vous semble que notre appareil se dirige vers un fossé ou dans un arbre, merci de bien vouloir lever vos bras devant votre visage (recommandation authentiquement délivrée par la Grenouille aux coccinelles). La température au sol est de – 8 °C. Le commandant vous souhaite un agréable (quoi qu’aussi court que possible) voyage. »
Ces précieux conseils ayant permis de créer une ambiance conviviale et chaleureuse dans le véhicule, je me suis élancée au devant de la pente enneigée.
Bien sûr, la souplesse de ma conduite et l’originalité de ma trajectoire étaient clairement fondées sur la certitude absolue qu’aucune personne censée ne serait venue à pareille heure emprunter la même route que moi et risquer de me croiser.
Bien sûr, lorsqu’il n’a plus été possible d’entendre distinctement les hurlements des coccinelles à l’arrière, j’ai aussitôt compris qu’il fallait enlever les chaînes (d’ailleurs le Maître me l’avait bien dit : « Tu verras, à un moment, il faut enlever les chaînes. »), ce qui fut fait quasiment sans aucun dommage collatéral (Mais bien sûr qu’elle y est depuis longtemps cette rayure sur l’aile gauche).
Les dieux étant avec nous (merci chaussettes fétiches), notre fougueux aréopage est arrivé sans encombre à l’école et je dirais même plus, au boulot.
Ce soir, ayant relaté sans aucune exagération ni fioriture mon trajet au Bourdon (aidée comme il se doit par les encouragements vifs et sincères des coccinelles (D’abord Maman elle sait même pas les mettre comme i’faut les chaînes, elle va pas assez vite), celui-ci m’a décerné, j’ai envie de dire à l’unanimité avec lui-même, le prix tant convoité de Meilleur espoir féminin des chaînes à neige (j’en pleurerai presque).
Bon, je te laisse, je vais préparer mon discours pour la cérémonie de remise des prix.
Vincent meilleur espoir masculin de la vanne hollywoodienne à grand spectacle !!!
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