vendredi 15 janvier 2010

LA READEUSE

Ceci n’aura sans doute pas échappé à ta sagacité et ton esprit de déduction, mais la Grenouille c’est un genre de bibliothèque (rose) à elle toute seule.
Pour te dire, la Grenouille a lu des tonnes de trucs que la plupart des gens normaux n’ont jamais lu (genre Proust ou Simone de Beauvoir), s’est éclatée à 14 ans en dévorant "Le Rouge et le Noir" (ce qui reste un complet mystère pour le Bourdon) et s’est parfois vue contrainte en vacances de lire deux fois le même livre en une semaine, faute de munitions.

C'est-à-dire que si la Grenouille n’était pas continuellement harcelé par de basses considérations quotidiennes (gagner le pain familial, élever les coccinelles, contribuer à l’épanouissement inégalé du Bourdon), elle serait capable de lire non stop du matin au soir.
Ceci dit à force de lire, la Grenouille lit vraiment très vite et même très très vite.
Du coup, si elle ne veut pas torpiller "Le Décalogue" en une soirée, la Grenouille a pour habitude de commencer plusieurs livres en même temps.

Plusieurs, c'est-à-dire au moins 4 ou 5.

Elle te le prouve en te montrant ses lectures du moment.




Or, comme peut être tu commences à t’en douter, le couple so glamour que forme la Grenouille et le Bourdon n’est pas précisément placé sous le signe de la fusion.
Non, tu vois, le Bourdon c’est un homme libre et déterminé à prendre son destin à bras le corps et la Grenouille et ben, euh, et ben c’est tout pareil mais en fille.

Donc d’habitude, quand la Grenouille aime un bouquin et bien c’est simple, le Bourdon préférerait devenir aveugle que de lire le même et réciproquement.
Normalement, faire transiter un bouquin de la table de nuit de la Grenouille au capharnaüm immonde rangement du Bourdon, c’est plus difficile que de donner l’air intelligent à Miss France !

Un truc qui n’arrive jamais.

Ou qui n’arrivait jamais.

Et oui, parce que depuis cet été et le coaching littéraire de Gisèle, le Bourdon et la Grenouille ont découvert Andrea Camilleri et le Commissaire Montalbano.

Et désormais la plus parfaite harmonie littéraire règne dans la mare.

C’est simple, si tu aimes les enquêtes policières, que tu ne dédaignes pas la bonne bouffe et que la rigolade est le sel de ta vie, tu vas adorer le Commissaire Montalbano.
En plus je te préviens, avec ce héros, Camilleri a inventé une nouvelle langue savoureuse et drôle, un mélange d’italien, d’argot et d’une espèce de dialecte plus ou moins proche du marseillais.

Mais t’inquiète pas, ça n’a rien à voir avec un espéranto foireux, c’est juste : magique.

Pour te convaincre, je te livre un tout petit morceau du recueil de nouvelles intitulé "La démission de Montalbano" (Pour info, Catarella est le standardiste à l’esprit torturé et au parlé ampoulé du commissariat de Vigatà où officie le Commissaire Montalbano) :
"- Dottori ? Vous me permettez un mot ? demanda Catarella en entrant dans le bureau de Montalbano avec la mine du parfait conspirateur.
- D’accord.
Catarella ferma la porte derrière lui. Puis il s’arrêta.
- Dottori, je peux lui donner un tour de clé ?
- D’accord, dit Montalbano résigné.
Catarella ferma la porte à clé, il s’approcha du bureau du commissaire, il s’y appuya avec les mains, et il se pencha en avant. Il avait mangé quèque chose avec beaucoup d’ail.
- Dottori, le cas je résolus. J’ai fermé passque je veux pas que les autres soient pris d’envie en sachant que j’ai résolu l’affaire.
- Quelle affaire ?
- Celle de la putain, dottori.
- Et comment tu as fait ?
- Ahier soir je vis un film à la tilivision. C’était l’histoire d’un type qui en Amérique, il tuait les vieilles radasses.
- Un serial killer ?
- Oh que non, dottori, il s’appelait pas comme ça. Il me semble qu’il s’appelait Gionni Gouest, quelque chose comme ça.
- Et pourquoi ce Gionni tuait les vieilles radasses ?
- Pasqu’elles lui rappelaient sa mère qui faisait la putain. Et alors moi j’ai pensé que la chose était toute simplette. Il suffit que vous, dottori, vous vous mettiez à chercher et vous résoudrez tout.
- Et qui dois-je chercher, Catarè ?
- Un client de la putain qui est fils de putain."

Vas-y, achète n’importe quel enquête du Commissaire Montalbano, dévore la et dis moi ce que tu en as pinsé ?

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Voilà : c'est fait et pour visualiser la réponse de la Grenouille, il suffit de revenir sur le site.

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